mercredi 9 novembre 2011

Les peines de prison sont-elles trop longues?

Accélérer le temps
Le journaliste de TF1 Harry Roselmack a consacré un très bon documentaire à la prison de Muret en Haute-Garonne. Portant un regard humaniste sur les détenus et l'encadrement, évitant le misérabilisme, le présentateur du 20h aborde, notamment, la question de la longueur des peines.

Car l'intérêt de cette nouvelle "Immersion" est qu'elle porte sur un centre de détention, c'est-à-dire une prison qui accueille des condamnés à de lourdes peines. 


Si les conditions de vie y sont nettement meilleures qu'en maison d'arrêt, la longueur des peines amène d'autres problématiques. "A un moment, quand la peine est trop longue, estime l'un des détenus, la prison détruit l'homme." N'ayant pas d'espoir de sortie, ou un espoir trop lointain, le détenu ne perçoit plus le sens de sa peine. "A quoi ça rime?" s'interroge l'un. "Pourquoi travailler à l'atelier ou entretenir son corps si l'on ne voit pas le bout du tunnel?" avance un autre. 

A tel point que certains détenus pour "très longues peines" en appellent au rétablissement de la peine de mort. C'était en 2006, l'appel des dix de Clairvaux: "Après de telles durées de prison, tout rescapé ne peut que sortir au mieux sénile et totalement brisé. En fait, pour toute alternative, comme avant 1981, ne nous reste-il pas mieux à trouver plus rapidement dans la mort notre liberté ?"

Pour tenir et "tenter d'accélérer le temps", il reste alors au détenu "la camisole cathodique", entendez la télévision, ou bien la drogue et "les cachetons" de médicaments divers et variés que le médecin du centre de Muret semble délivrer très largement.

Devant l'étonnement du journaliste de Tf1 constatant la tolérance de l'administration vis-à-vis de la consommation de telles substances, l'un des détenus lui rétorque: "Si vous enlevez le cannabis et les cachetons, la prison, elle brûle!"

Une sentence que partageait Céline Verzeletti, secrétaire générale CGT-pénitentiaire dans un article paru en juin 2009 dans La Croix« C'est une garantie fondamentale pour nous, surveillants, que les détenus gardent l'espoir de sortir. Quand ils estiment n'avoir plus rien à perdre, la pire des violences est à redouter. » D'où l'invention de la libération conditionnelle, en 1885, qui permet de faire baisser la température de la marmite.

Pourtant, si l'on diminue les peines de prison, seront-elles toujours dissuasives? Car si l'on abaisse la sanction des crimes les plus graves, les délits moins graves ne seront-ils pas, eux aussi, et à terme, réprimés moins sévèrement?  Entre la sanction et la réinsertion, la prison peine à trouver un équilibre satisfaisant.

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