mercredi 30 novembre 2011

Faut-il vider les prisons ou en construire d'autres...

.... ou bien les deux?
Les prisons débordent, mais faut-il pour autant ne plus condamner les délits et les crimes constatés? C'est l’interrogation qui taraude le lecteur de la tribune publiée récemment dans le Monde.

"Pour en finir avec la surenchère carcérale", tel est son titre. Six responsables d'association directement concernés par "la prison", et pas les plus enragés, la paraphent. On y retrouve les magistrats de l'Association française de criminologie,  les visiteurs de prison de l'ANVP, les étudiants du GENEPI, ou les bénévoles de la FARAPEJ.

"On ne peut pas à la fois construire 30 000 places de prison et améliorer l'accompagnement des personnes détenues", estiment-ils en écho à l'annonce faite le 13 septembre par le Président Nicolas Sarkozy. Entre les deux, il faut choisir. Car à les lire, l'accroissement constant de la population carcérale n'est pas du à l'augmentation de la délinquance et de la criminalité : "De nombreuses études et exemples étrangers nous apprennent que la population carcérale résulte des choix de politique pénale et non pas du niveau de la délinquance; c'est contraire au bon sens, mais c'est la réalité."

La délinquance augmente-t-elle?
Pourtant, si l'on suit les deux courbes, celle des infractions constatées et celle des incarcérations décidées, elles se dirigent toutes deux dans le même sens : à la hausse. Moins de 200 000 vols étaient constatés en 1950 contre plus de 2 millions en 2010. De même pour les atteintes aux personnes qui ont été multipliées par cinq en 60 ans*

Pour leur part, les prisons se remplissent sans cesse et la barre symbolique des 65000 personnes écrouées ne devrait pas tarder à être dépassée.  

On comprend bien où les signataires de la tribune veulent en venir: l'incarcération n'est pas la réponse adaptée à tous les crimes et délits. Ceci dit, la généralisation de la violence est un fait auquel l’Etat se doit de répondre à la fois pénalement et bien évidemment socialement. Pour sa crédibilité d'une part, et par respect des victimes d'autre part. Il n'est pas besoin de citer les macabres faits divers, mais simplement de constater le délitement progressif de lien social et des "règles du vivre en ensemble" comme il se dit pompeusement. 

Faut-il y apporter une réponse?
La société française n'accepte pas que les délits et les crimes demeurent impunis même s'ils prennent racine très souvent au plus profond de la misère sociale. Les résultats des candidats tenant de l'autorité en 2007 le démontrent: N. Sarkozy pointe à 31%, J-M. Le Pen à 10%. L’Etat se doit d’apporter une réponse pénale. Qu'elle soit carcérale ou non, c'est une autre histoire. 

A ce titre, il est difficile de blâmer le gouvernement ou l'administration pénitentiaire car des efforts ont été engagés en ce sens. " L'administration développe de plus en plus les aménagements de peine, c'est-à-dire l'exécution de peines de prison ferme hors des murs, lit-on dans les colonnes du Monde. Au total, 10 237 personnes bénéficient de telles mesures, soit 18,1 % des personnes écrouées condamnées, dit l'administration pénitentiaire. Les aménagements de peine ont progressé de 30,8 % en un an et de 46,3 % en deux ans."


Savoir choisir son moment
La sanction pénale rapide et adaptée est nécessaire. La prison peut en faire partie... ou non. Mais promouvoir la simple "rénovation – et non l'extension – du parc pénitentiaire", alors que la surpopulation des maisons d'arrêt d'Ile-de-France dépasse les 142% (chiffres d'avril 2011, source: rapport Ciotti), est difficilement compréhensible.

A moins d'admettre que le détenu aille en prison, non parce qu'il commet un crime ou un délit, une petite ou une grande entorse à la loi, mais parce que la politique carcérale du moment le veut bien... De là à le considérer comme une victime de la justice...

                                                                                                           G.D.


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