mercredi 21 septembre 2011

Les limites du pyjama en papier

SUICIDES
Un nouveau détenu a mis fin à ses jours à l’aide de son kit anti-suicide… cherchez l’erreur.  Outre la question du suicide en prison, ce fait dramatique – le jeune homme avait 23 ans - pose la question de la nature des réponses apportées aux problèmes soulevés.

En 2009, la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie avait avancé des mesures pour parer à la multiplication des suicides. Une série de suicides relayée par la presse avait en effet suscité l’émoi.

D’une part, des kits anti-suicide (sic) seraient distribués, lors des moments les plus difficiles comme un passage au mitard, aux individus susceptibles de mettre fin à leurs jours. Si le taux de suicide est sept fois plus élevé en prison qu’à l’extérieur, il est également beaucoup plus élevé en quartier disciplinaire qu’en cellule ordinaire. Ces kits comprennent notamment un matelas anti-feu, des draps indéchirables et un pyjama en papier à usage unique. D’autre part, des pièces spécialement aménagées et dépourvues de points d’arrimages tels que des barreaux aux fenêtres ou un support mural pour une télévision, seront généralisées afin d’empêcher le passage à l’acte. Enfin, il était annoncé que les détenus en quartier disciplinaire auraient désormais accès au téléphone et à la radio.

lundi 19 septembre 2011

Question d’arithmétique...

SURPOPULATION

Le 13 septembre,  Nicolas Sarkozy a annoncé en personne la création de 30 000 nouvelles places en prIson à l’horizon 2017. C’était la première visite d’un président de la République depuis V. Giscard-d’Estaing. En soi, l’intérêt porté par le président à la condition carcérale et la publicité qui l’accompagné est une bonne nouvelle.

Pourtant, l’auteur de ces lignes se souvient qu’en 2002, la loi Perben prévoyait d’augmenter d’ici 2012 la capacité carcérale de l’époque de 13 200 places via la construction de 26 nouveaux établissements. La population carcérale était alors de 48 600 personnes. Soit un objectif de 61 800 places en 2012… 

Et 2012, c’est dans trois mois. Avec 56 500 places aujourd’hui, nous sommes encore loin du compte. D’autant plus que la population incarcérée a, entre temps, explosé !

Ça déborde...

ETAT DES LIEUX
Nos prisons débordent. Elles débordent de suicidés, un tous les trois jours en moyenne, 58 pour le premier semestre 2011. Elles débordent de détenus. Plus de 64 000 en août 2011 pour une capacité maximale de 56 500 places. Soit une densité de 115% en moyenne globale, mais bien plus quand on sait que les maisons d'arrêt (106 maisons sur 192 établissements pénitentiaires dont une quarantaine qui présentent une densité supérieure à 150%) supportent la majorité de cette surpopulation. Elles débordent aussi de violence, de racket, de viols, de propagande islamiste.

Cela fait des années que les gouvernements le savent. Cela fait des années que le système carcéral français fonctionne de manière ubuesque. « La peine, rappelle le catéchisme de l’Eglise catholique, en plus de protéger l’ordre public et la sécurité des personnes, a un but médicinal, elle doit dans la mesure du possible, contribuer à l’amendement du coupable ». Le taux de récidive est aujourd’hui de 40% dans les cinq années qui suivent la libération du condamné. C’est un constat : la prison fabrique de la délinquance.

dimanche 18 septembre 2011

L'utile vocation des visiteurs de prison

BÉNÉVOLAT
Voici un article paru dans Valeurs Actuelles du 13 juillet 2011 qui jette un éclairage sur les visiteurs de prison et leur importance.

Ils contribuent à faire baisser la pression au sein d’établissements pénitentiaires toujours sous tension. Rencontre.

Chaque jeudi depuis six ans, c’est le même rituel, Jean-Yves prend sa voiture, direction Melun. Arrivé au centre de détention sur l’île Saint-Étienne, il traverse la cour pour rejoindre les parloirs “avocats” et serre quelques mains au passage. Là, il attend dix minutes, parfois plus : pour peu qu’il y ait un “mouvement de promenade” au sein de l’établissement, les surveillants prendront leur temps pour aller chercher le prisonnier en cellule. « Certains détenus arrivent avec une liste de sujets griffonnée sur un papier, qu’ils cochent au fur et à mesure », précise-t-il.
La conversation peut durer plusieurs heures. Jean-Yves est à la retraite. Il est aussi visiteur de prison.

Comme lui, près de 2 000 bénévoles consacrent un peu de leur temps à des détenus au passé souvent chargé. Hasard d’une rencontre, fascination pour le monde carcéral, velléité évangélique de visiter celui qui est enfermé, souhait de briser l’inactivité qui suit le départ à la retraite… Leurs motivations sont diverses. Mais dans la plupart des cas, une question leur est commune : “Et si j’étais à leur place ? ” « Je ne dis pas que ce sont des anges, avance Jean Cael, le responsable du service “prison” du Secours catholique, mais ce sont des gens qui ont un avenir, de toute évidence. » Depuis que la peine de mort a été abolie et que la réclusion à perpétuité n’est plus appliquée, toute personne incarcérée, du chauffard récidiviste à l’assassin en série, sortira un jour ou l’autre de prison. « Mieux vaut pour tous qu’ils la quittent meilleurs qu’ils n’y sont entrés », souligne Jean Cael.