mercredi 16 novembre 2011

Présidentielle: Emmaüs se mobilise sur la prison

Et après?
« La prison, il ne suffit pas d’en sortir pour s’en sortir… » Profitant de la campagne présidentielle qui débute, Emmaüs avance ses propositions en réponse aux cinq urgences sociales du moment. A juste titre, la prison en fait partie. Et particulièrement son volet « réinsertion », qui constitue, au même titre que le volet« répression », une des missions de l’administration pénitentiaire.
                                                                  
Si l’on peut regretter que l’association semble ne voir que des causes économiques et sociales à la surpopulation carcérale, passant sous silence la recrudescence et la banalisation de la violence qui nécessite une réponse pénale adéquate, Emmaüs a pourtant le grand mérite de prendre la question pénitentiaire dans sa globalité et de souligner les carences du système pénal et carcéral avant, pendant et après le séjour à la case « prison ».

Emmaüs s’interroge sur la pertinence de « casser des personnes pour ensuite leur demander un comportement exemplaire ». Comment parler, alors, de réinsertion ? Parent pauvre du système carcéral, la réinsertion, qui accompagne la nécessaire sanction, doit être repensée, pour ne pas dire simplement pensée tant les moyens mis en œuvre sont aujourd’hui limités, dès le processus pénal enclenché. D’où les cinq propositions suivantes :

  1. 1)   L’aménagement des peines et la mise en place de peines alternatives doivent systématiquement être envisagées lors du jugement-même. Car l’association constate que de nombreuses courtes peines de prison n’ont pas lieu d’être. Pour l’avenir du détenu, comme pour les victimes, des peines de travaux d’intérêt général seraient plus efficaces et moins couteuses pour la collectivité que la construction de nouveaux établissements.


  1. 2)      Un examen systématique à mi- peine de la situation du détenu et de son aptitude à se réinsérer. Si c’est le cas des aménagements de peine peuvent être envisagés comme la libération conditionnelle (libération avant échéance de la peine sous condition de respecter un certain nombre d’obligations) ou la semi-liberté (journée à l’extérieur pour travailler et nuit et week-end passés en prison). Les statistiques le prouvent, ces aménagements permettent de diminuer par deux la récidive. Contrairement aux sorties « sèches », lorsque le détenu se retrouve du jour au lendemain sur le pas de la porte de la prison...


  1. 3)      Un accès à la formation et une mise à niveau en Français devront être proposés.


  1. 4)      Pour préparer au mieux cette sortie, il est indispensable de faire réellement entrer les services sociaux d’accompagnement dans la prison.


  1. 5)  L’association souligne l’importance du maintien des liens familiaux. Sans lui, la rechute est quasi certaine, car l’ex-détenu se retrouve seul en sortant. Lui reste ses anciens compagnons d’arsouille ou la rue…


Si la prison a été en « une » des médias ces derniers mois, espérons qu’elle trouve une place sérieuse dans les programmes de chacun des candidats à la présidentielle.

Car comme le souligne Emmaüs, la prison a un coût, économique, social, humain. Et ses carences, que l’on s’efforce de ne pas voir, coutent cher. Se désintéresser de la prison, c’est accepter que ce cout croisse démesurément. Pas sûr que la société française accepte d’en payer le prix indéfiniment…


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