vendredi 18 novembre 2011

Travail en prison, à quoi ça sert?

Au boulot...
Si la proposition demeure à l'état d'ébauche dans le programme de l'UMP pour 2012, elle va pourtant dans le bon sens: le parti majoritaire entend renforcer le travail en prison.
"D’une part, le travail en prison (...)  permettrait de rembourser les préjudices financiers aux victimes mais d’autre part, cela permettra de faciliter la réinsertion des personnes détenues qui lors de leur incarcération, bénéficieront ainsi d’une certaine formation professionnelle, réduisant par la même les risques de récidive."
Combien sont-ils à travailler en prison? 39,1% selon les derniers chiffres de l'administration pénitentiaire.
En toute logique, ce taux est plus élevé en établissement pour peine (53%) qu'en maison d'arrêt (32%). De son coté, le député-maire UMP de Marcq-en-Barreuil, Bernard Gerard (qui a travaillé au rapport parlementaire Ciotti  "Pour renforcer l'efficacité de l'exécution des peines") affirmait en avril que " seul 10 à 15% des détenus travaillent aujourd'hui dans les prisons françaises".

Sur-évalué ou non, ce taux demeure insuffisant. Depuis 1987, et contrairement à ce qui est pratiqué dans la plupart des pays européens, le travail n'est pas obligatoire en détention. L’article 720 du code de procédure pénale (CCP) dispose néanmoins que “ toutes dispositions sont prises pour assurer une activité de travail et de formation professionnelle aux personnes incarcérées qui le souhaitent ”. 

Le sport ne suffit pas
Il est peu probable que seul 4 détenus sur 10 souhaitent travailler. D'autant plus, que le travail en prison est souvent gage de bonne conduite et donc d'une libération plus rapide. 

A cela s'ajoute l'oisiveté qui mine le moral des détenus comme le soulignait le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, dans son rapport annuel en 2009. Si le sport est important, "faire de la fonte" quotidiennement ne peut suffir à l'équilibre psychologique des détenus. 

Les extra ont un prix
En outre, la vie en prison coûte chère dès que l'on veut sortir d'un "ordinaire" très frugale. Il y a les trafics en tout genre (téléphone portable drogue, alcool, médicaments...). Il y a la télévision dont la location avoisine les 30 euros par mois. Mais il y a aussi l'épicerie de la prison qui pratique des prix deux fois (parfois trois fois) supérieurs à ceux pratiqués à l'extérieur. Gagner de l'argent est donc une quasi-nécessité. Mais les possibilités de travailler sont minces et les places convoitées.

Le travail en prison prend différentes formes :
• Le service général par lequel les détenus participent à l’entretien et au fonctionnement
de la prison.
• Les ateliers de la régie industrielle des établissements pénitentiaires (RIEP).
• Le travail en concession où les détenus travaillent pour le compte d’entreprises privées qui installent un atelier en prison.
Certaines associations se montrent très critiques à l'égard de ces deux dernières propositions évoquant "une main-d'oeuvre corvéable à merci". Le droit du travail n'est en effet pas respecter puisqu'il n'y a pas de contrat de travail passé. La cotisation aux droits à la retraite est dérisoire. Par ailleurs, les salaires sont très faibles. 535 euros mensuels au RIEP, 374 euros en concession, 239 au service général.
Occuper le détenu, oui, réduire la récidive, sans doute pas
Les détenus, qui sont nourris, logés et blanchis, ne sont pas là pour amasser une rente, mais il faut cependant reconnaître qu'une fois dehors, il leur faudra bien vivre. Et avec quoi, s'ils n'ont eu aucune activité rémunérée?
Comme le souligne l'UMP, le fruit de ce travail peut également servir à dédommager les victimes des agissements de ces détenus. Enfin, si la formation professionnelle acquise dans ces ateliers -il ne faut pas se payer de mots- est limitée, le travail en prison peut redonner confiance en elles à des personnes qui ont bien du mal à se voir autrement que comme des "ratés". Et ainsi faire baisser la tension qui y règne. A défaut d'assurer une réinsertion professionnelle aux détenus, le travail peut les occuper. Et c'est déjà beaucoup.
                                                                                                                              G.D.




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