lundi 2 janvier 2012

Quand la crise économique remplit les prisons irlandaises

Ce sont Les Echos qui relèvent l'info parue dans l'Irish Times: En 2010, près de 7 000 Irlandais se sont retrouvés en prison pour ne pas avoir acquitté une amende, et plus exceptionnellement une dette civile. C'est un chiffre record. Ils étaient 2 500 dans ce cas, deux ans plus tôt, avant la crise économique. 


La prison ferme pour "impayés" est une singularité gaélique. Pour autant, le recours accru à ces peines démontre, s'il en était besoin, l'effet de la crise sur la surpopulation carcérale, en Irlande comme en France. Si la faute est enfouie au fond de chaque homme, elle s'exprime plus librement quand la situation économique et sociale bat de l'aile. D'où l'importance d'une justice ferme, mais aussi d'une politique sociale, éducative, familiale importante. La répression, si elle est nécessaire, ne peut pas tout. Constat banal, mais pas communément admis.

La prison n’a pas réponse à tout
L'exemple irlandais des "impayés" démontre également l'absurdité de la réponse carcérale à certains délits. Quand un homme ou une femme, et qui plus est un chef de famille, a le choix entre nourrir sa famille et lui payer un toit... ou régler une amende à l'Etat, il choisit naturellement la première option. L'effet dissuasif joue peu, et le mettre en prison n'y changera rien, si ce n'est remplir les prisons de personnes qui n'ont rien à y faire ou si peu.

Nous avons eu un exemple semblable lors des débats sur la pénalisation des clients de prostituées. Faut-il ou non les punir ? Sans doute tant la prostitution s’apparente à l’esclavage. Mais de quelle manière? La prison (les clients risqueraient d'écoper de 3 mois de prison) est-elle la place adéquate pour les clients de prostituées? Leur séjour entre quatre murs apaisera-t-il leur libido, leur frustration? 

De même pour les délits routiers. La peine encourue en cas de récidive d'excès de vitesse supérieure à 50 km/h est de 3 mois. Celle en cas de conduite sans permis est d'un an. En 10 ans la législation s’est particulièrement durcie. Dans le même temps, les moyens de la lutte contre les infractions routières se multiplient avec la généralisation des radars et les amendes tombent, tout comme les permis de conduire. Faut-il alors s'étonner de voir nos prisons se remplir sans cesse?

Un vœu pour 2012? Que le législateur mette la pédale douce sur les sanctions carcérales! La prison s'en portera mieux.


                                                                                        G.D.

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