vendredi 7 octobre 2011

Des lumières en prison

FIGURES D'ESPOIR
Il y a 54 ans, le 1er octobre 1957, Jacques Fesch* était guillotiné à l'âge de 27 ans. Son crime: avoir tué Jean-Baptiste Vergne, un agent de Police père d'une petite-fille de 4 ans, qui le poursuivait suite au braquage d'un bureau de change de la rue Vivienne à Paris. Fesch voulait s'acheter un bateau pour partir aux Antilles... l'argent lui manquait.



Chacun a son point de vue sur Jacques Fesch, chacun lui porte un regard singulier. Mais force est de constater qu'il n'est rien, et encore moins que rien, lorsqu'il entre dans sa cellule de la prison de la Santé en 1954. Fils de bonne famille de St Germain-en-Laye, il a laissé filer sa vie, l'argent de ses parents, l'amour de sa femme, sa petite fille, la situation professionnelle qui lui était offerte... 

Lorsqu'il quitte sa cellule 18 au matin du 1er octobre 1957, jour de la ste Thérèse, trois années ont passé en quartier "haute sécurité", seul, entre quatre murs. L'homme a changé, il a rencontré l’aumônier de la prison, il a écrit, plus de 500 lettres, il a été révolutionné. "Bon larron" des temps modernes, coupable et criminel, mais sauvé, à ces yeux, et aux yeux de Dieu. 

Qu'on croit en Dieu, ou qu'on n'y croit pas, il est incontestable que Jacques Fesch est sorti meilleur de prison qu'il n'y est entré. La prison, contrairement à tant d'autres, n'a pas été pour lui un temps de destruction, mais au contraire de construction. 

Ce qu'a vécu Jacques Fesch, d'autres l'ont vécu. Je me souviens de Daniel Barzic, la soixantaine aujourd'hui, rencontré à l'occasion d'une enquête sur le sens à donner à la prison. Une montagne de douceur au visage marqué par la vie, un visage bouffi percé de deux yeux bleus magnifiques. Daniel Barzic était trafiquant de drogue. Pas un petit dealer, un "sale type" comme il le dit lui même. Aujourd'hui, il parcourt la France et témoigne de sa rencontre en prison avec le Christ, de cette lumière qui lui a dit qu'il n'était pas son péché, mais un homme libre, aimable, aimé. De cette lumière qui progressivement lui a permis de s'aimer, il ne se lasse pas de parler. Un homme lui a tendu la main en la personne du Père Yves Aubry, aumônier de prison de Bois-d'Arcy (78), et une force l'a soulevé de terre. Il vit aujourd'hui au service de l'association "Lève toi et marche" et de la Fraternité du Bon Larron.

Ces vies sont des témoignages plein d'espérance, mais également d'exigence. Car ils signifient que la prison peut-être - doit être - un lieu de vie et non pas de mort. Cette exigence passe par des moyens matériels mais aussi par la possibilité d'annoncer aux détenus une Bonne nouvelle. La présence du spirituel en prison est d'une extrême importance, même dans une République laïque. Entre quatre murs, les chemins vers la liberté ne sont pas légions ; et ils passent par le ciel.

                                                                                       G.D.

*Pour plus de renseignements, Association Les amis de Jacques Fesch, 13, rue du Veil Abreuvoir, 78100 Saint-Germain-en-Laye

Lire Jacques Fesch:

  • Lumière sur l’échafaud, suivi de Cellule 18, Pierre TEQUI éditeur, 2007
  • Dans cinq heures je verrai Jésus!, éd. Fayard Le Sarment, 1998

Prison et spiritualité chrétienne, à qui s'adresser?

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