mercredi 5 octobre 2011

La prison doit-elle accueillir toute la misère sociale?

PEINES PLANCHER

Nous nous faisions l'écho, il y a une semaine de l'ouverture prochaine de la nouvelle prison de Nantes, prévue en mai 2012. Impossible, pour l'heure de savoir si cette prison sera plus sûre que son illustre ancêtre, et si comme le dit la chanson, "le prisonnier alerte dans la Loire sautera"... 

Ce qui est pourtant certain, est que l'établissement, pas encore achevé, s'avère déjà trop petit. C'est un article paru dans Ouest France qui nous livre l'annonce. A la demande de l’administration pénitentiaire, 100 places supplémentaires vont s'ajouter aux 500 prévues initialement. Soit 20% de lits en plus qu’il va falloir réussir à caser!


La bonne résolution d'une cellule par détenu risque fort de finir aux oubliettes. Déjà, on parle d'installer des lits superposés dans certaines cellules. Pas même ouverte aux détenus que la prison de Nantes se trouve frappée de surpopulation.

Au-delà de l'info qui oscille entre le cocasse et le révoltant, cette anecdote révèle l'explosion des incarcérations. C'est un fait, la hausse du nombre de nouveaux détenus dépasse de loin celle de la construction de nouvelles cellules. 71 000 personnes en prison fin 2012, 80 000 en 2017, voilà ce que nous prédisent les projections de l'administration pénitentiaire. Des projections, qui, au regard de l'actualité nantaise, semble dès à présent dépassées... 

Comment expliquer que ces 10 dernières années la population carcérale ait pu croître aussi vite ? La violence qui se banalise est un fait. L’Etat, longtemps démissionnaire, doit y répondre avec la fermeté nécessaire.

Cependant, une part non négligeable de la population carcérale ne fait partie, ni du grand, ni du petit banditisme. Clodo mendiant trop bruyamment, conducteurs roulant sans permis, consommateurs de cannabis, maris violents et alcooliques… ces « clients » sont de plus en plus nombreux en prison.

Les « peines plancher », initiées par la loi sur la récidive de juillet 2007, sont souvent montrées du doigt. « Elles ont aggravé le phénomène de surpopulation », constatent nombre de visiteurs de prison, à la suite de magistrats. Car les « peines plancher » - en majorité de petites peines de prison ferme - touchent particulièrement ces délits propices à la récidive. Est-ce pourtant à la prison de prendre en charge les chauffards routiers, les jeunes junkies ou les pères tyranniques?  

«On voulait cibler le noyau dur de la délinquance, résumait en 2008 Christophe Caresch, député PS et co-auteur avec Guy Geoffroy (UMP) d'un rapport sur les peines planchers, et on se retrouve face à la misère humaine. » 

Ce qui nous amène à nous interroger: "La prison a-t-elle vocation à accueillir toute la misère sociale? Le peut-elle?"


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