mercredi 23 novembre 2011

Faut-il appliquer le code du travail en prison?

Travail en prison, suite...
Un détenu qui travaille est-il un salarié comme un autre? Voilà la question posée par l'affaire récemment ouverte devant les Prud'hommes de Paris. En l’occurrence, il s'agit d'une détenue employée comme téléopératrice entre août 2010 et avril 2011 pour un centre d'appel installé au sein de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles. La jeune femme a été "déclassée" pour avoir passé des appels privés au cours de ses heures de travail. Aujourd’hui, elle porte plainte contre son ancien « employeur ».

"Déclassée" et non pas "licenciée" car entre un détenu et son employeur, il n'existe pas de contrat de travail, mais un simple "contrat d'engagement" avec l’administration pénitentiaire. Et c'est bien là tout le problème! D'ailleurs, le centre d'appel MKT societal qui a profité de la motivation et du travail de la détenue huit mois durant rappelle qu’elle n'était en aucun cas salariée de l'entreprise privée, mais de l'AP... 

Salaire très, très minimum
Nous sommes donc dans une configuration très singulière, ce qui explique la faible rétribution: un salaire de deux à trois euros de l’heure ( contre neuf euros pour un Smic) et 40 à 90 heures de travail mensuel selon les mois. La jeune femme de 36 ans, par la voie de ses avocats, réclame à MKT un salaire digne de ce nom, des congés payés et même des dommages et intérêts pour licenciement abusif... Soit la rondelette somme de 19000 euros.
Source:L'Express

La défense de la détenue dénonce "une exploitation", "avec la bénédiction de l'Etat". Pourtant, si ces salaires sont en effet très bas, il serait étonnant que des personnes condamnées pour des faits plus ou moins graves - mais tout de même suffisamment importants pour que la justice se penche sur leur cas... - puissent amasser de l'argent au cours de leur séjour en prison, et, le tout, au frais de la République. Il y aurait matière à être choqué. 

Pas un salarié comme un autre 
Car lorsqu'ils sont incarcérés - certes, dans des conditions souvent déplorables, mais c'est un autre débat...- les détenus sont logés, nourris, blanchis. Tout ceci a un coût: entre 60 et 120 euros par jour et par détenu, payé par le contribuable français.  Et il le fait de bonne grâce, si cela peut permettre à la prison de mieux fonctionner! 

Le travail des détenus n'a pas pour mission première de leur permettre de gagner leur vie. Mais simplement de les occuper au cours de leur détention et de leur faire bénéficier des vertus propres à tout travail: rigueur, effort, dépassement de soi, reconnaissance de ses capacités, confiance en soi, etc... 

Encore faudrait-il qu’ils bénéficient d'un minimum des droits du travail. Non pas des salaires équivalents à ceux des salariés en liberté - qui n'auraient pas lieu d'être au regard d'une situation professionnelle très singulière qui est celle du détenu-  mais au moins des compensations en cas de maladie, d'accident du travail, de licenciement, de congés payés ou de chômage. 

Plus rentable qu'un chinois
Et dans le cas d’une activité « en concession », la limite du système est que ce travail profite, non pas à la collectivité publique, mais à une entreprise privée bien heureuse de bénéficier d'une main d'œuvre capable de concurrencer - ou presque - le made in china... 
                                                                                                  G.D.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire